Tout comme le Noyer, le Cerisier fait partie des greffes assez difficiles à réaliser. Seule la greffe en écusson au mois de juillet ne pose aucun problème particulier, alors que les greffes de printemps (en fente ou en incrustation) sont parfois difficiles à réaliser.
Si la grosseur du porte-greffe n'excède pas 2 à 3 centimètres de diamètre,
on greffera en fente en prenant soin d'insérer deux greffons dans la fente pour activer la cicatrisation. Après reprise, on ne conservera qu'un seul des deux greffons.
Si le porte-greffe est un peu plus gros,
on préférera la greffe en incrustation qui respecte mieux le porte-greffe, et on refusera la greffe en couronne qui est réservée aux fruits à pépins (poiriers, pommiers).
Lorsque le porte-greffe est plus fin (franc de 2 ou 3 ans),
on pourra greffer à l'anglaise simple si le greffon provient d'une variété plutôt tardive. Attention, il faut éviter de greffer à l'anglaise les variétés qui donnent un gros bourrelet de greffe, car le phénomène est amplifié par le faible diamètre de départ.
Voici une observation personnelle qui n'est mentionnée dans aucun ouvrage, mais qui semble néanmoins assez fiable : Plus une variété de cerise est précoce, plus le bourrelet est important (cerisier Burlat par exemple), alors que les variétés tardives ou très tardives ne donnent pratiquement pas d'excroissance. Ce sont ces dernières que l'on pourra greffer à l'anglaise.
Des trois greffes citées, la greffe en fente aura la préférence de l'amateur car plus facile à réaliser que la greffe en incrustation.
La zone génératrice du cerisier (couche verte de cellules que l'on observe après décollement de l'écorce) est particulièrement fine
et donc assez difficile à faire coïncider entre greffon et porte-greffe. La technique passe-partout qui consiste à insérer le greffon de façon légèrement oblique dans la fente ne donne pas de belles greffes.
Souvent, au moment du débourrement, le greffon prend des feuilles qui se dessèchent pas la suite. On constate alors que le flux de sève a fait démarrer la végétation avant que la soudure ne soit réalisée. Pour éviter ce problème, il est conseillé dans certains ouvrages, de tenir compte de la lune mais à l'inverse de la normale pour ralentir la végétation : on prélèvera les greffons en 'lune montante' et on greffera en 'lune descendante'.
La solution est connue de tous les anciens : Il faut greffer AU MOIS DE SEPTEMBRE, plus exactement vers le début de la deuxième décade de septembre, avant que les premières pluies d'automne ne refroidissent le temps.
Les greffons, dont on coupera les feuilles à un centimètre du bourgeon (comme pour écussonner), seront prélevés le jour même. La greffe sera ligaturée avec du raphia puis mastiquée. On ne laissera pas de rameau 'tire-sève' sur le porte-greffe.
Au printemps suivant, le raphia ayant été altéré pendant l'hiver, la greffe démarrera en même temps que la végétation environnante, avec un taux de réussite record. Et il en est de même pour les pruniers, réservez donc votre printemps pour les greffes de pommiers et poiriers et l'automne pour les cerisiers et les pruniers.