Comment réussir vos greffes de noyer – juglans regia
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Ce que j’ai appris, je le tiens d’Alain Dupard, LE spécialiste de la greffe du noyer à l’Albenc dans l’Isère, fief de la noix de Grenoble.

Je me propose de vous expliquer ses conseils et astuces, comme j’avais pu le faire jadis avec André Bonnefond de Chorges, lui permettant de passer de 0% de réussite de ses greffes de noyer à 100% de réussite !

 

Méli-mélo de fausses et de bonnes informations :
(peut être issues de l’intelligence artificielle ?)



 

Non, la greffe en fin d’hiver, au mois de mars, comme on peut lire çà et là, est à réserver aux professionnels qui confinent les plants greffés en chambre chaude et à l’hygrométrie maitrisée.

D’ailleurs, Charles Baltet dans l’Art de Greffer cite pour la greffe du noyer : « Greffage. – En couronne (fig. 54, 56). En flûte (fig. 105) ; avril-mai ».

 

Le noyer doit être greffé bien après les greffes des fruits à pépins et en respectant les règles suivantes :


  1. Règle numéro 1 : Greffer dans le créneau « dernière semaine d’avril – première semaine de mai ».

    Evitez les jours de vent ainsi que l’exposition au soleil pendant la préparation des greffons car la sève du noyer s’oxyde très vite. Pour un nombre limité de greffes on peut choisir un jour sans vent et se mettre à l’ombre pour préparer les greffons. Alain Dupard prépare ses greffons à la maison et les amène sur le terrain dans une glacière.


  2. Règle numéro 2 : « Evitez de greffer les Noyers à végétation précoce sur ceux à végétation tardive. »

    C’est une observation de Charles Baltet dans l’Art de greffer.

    Si vous greffez la noix Franquette sur du semis naturel de noyer tel qu’on peut le trouver au bord des routes alors cette condition est remplie de facto car le noyer Franquette est plus tardif d’environ 10 jours qu’un semis naturel.

    Or il faut constater qu’il y a des variétés qui débourrent début mai, et d’autres dans les premiers jours de juillet comme la noix de la Saint Jean qui ne fleurit pas avant le 24 juin. Soit possiblement jusqu’à deux mois d’écart d’une variété à l’autre. De ce constat, et par l’expérimentation, j’en ai déduit la règle numéro 3 :


  3. Règle numéro 3 : Prélevez vos greffons au bon moment. Conservez-les jusqu’au mois de mai.

    Pour le noyer Franquette, la bonne pratique est le prélèvement des greffons dans la première quinzaine de février.
    Pour une variété précoce comme la noix de Bouix, il faut prélever les greffons au tout début du mois de décembre A-1.
    Pour la noix de la St jean on peut prélever les greffons à la mi-avril.

    C’est la date de débourrement de la variété à greffer qui « dicte » quand prélever les greffons.

    Ensuite il faut conserver les greffons vivants jusqu’au mois de mai. Un séjour au frigo est souvent indispensable.


  4. Règle numéro 4 : Utilisez des greffons de la taille du pouce, jamais plus fins.

    Car le noyer est un bois à moëlle, et le jeune bois toujours anguleux, ce qui limite de facto le contact des cambiums.

     

      Modèle de greffon préparé par Alain  
    Dupard pour une greffe en couronne,
    et utilisable à des fins pédagogiques
    (il est bien sec aujourd’hui !)

     

    Veillez à bien choisir du bois avec des yeux vivants. Ce n’est pas toujours le cas à la base du bois d’un an ou sur du bois de deux ou trois ans.

    Sur un vieux noyer on n’a pas toujours matière à prélever de gros greffons : Dans ce cas, rabattre une branche pour forcer l’arbre à se régénérer et pour avoir des greffons de bonne taille l’année suivante.


  5. Règle numéro 5 : Privilégier la greffe en couronne.

    Greffez en couronne sur un tronc ou des branches au moins de la taille du poignet.
    A noter, que pour le noyer, il est possible de greffer une seule branche de l’arbre sans avoir à rabattre le reste de la ramure.


    La greffe en couronne du noyer.

     

    Voici comment procède Alain Dupard :

       Le greffon est découpé avec épaulement et un œil au plus près   
    de la découpe (comme pour toutes les greffes en couronne.
    L’écorce du porte-greffe est soulevée des deux cotés pour
    y insérer au centre le greffon, jusqu’à mi-course.
    On ligature ensuite la greffe avant d’enfoncer
    définitivement le greffon jusqu’à la butée.
    On mastiquera avec un mastic à solvant huile,
    en essuyant avant, si besoin, la sève
    qui peut s’écouler du porte-greffe.

    Très important :

    A la chignole, mèche de 8, percer un trou à la verticale de
    chaque greffon, environ 10 cm en dessous de l’épaulement et
    en pénétrant l’aubier. Ce pseudo trou de Zeuzère va servir de
    tire-sève et se cicatrisera de lui-même en saison.

     

    La greffe anglaise du noyer.


    Par expérience je rejette la greffe à l’anglaise compliquée qui n’est pas adaptée à la greffe du noyer, alors que la greffe à l’anglaise simple donne de très bons résultats sans risque de casse la première année.

    Pour le noyer, il est possible de greffer un baliveau ou une branche, à l’anglaise simple, à condition :

    • De respecter la taille du greffon, c’est-à-dire du même diamètre que pour la greffe en couronne.

    • D’avoir un porte-greffe rigoureusement de la même taille que le greffon.
      Les greffes avec un contact sur un seul côté sont à proscrire.
      Vu la grosseur, faites une première découpe au sécateur avant de la finaliser au greffoir.

    • De percer un tire-sève comme pour la greffe en couronne.
      Un trou avec une vrille suffit.

JF Bourlès