Annexe 2 au CR CA SURGERES- intervention Claude SCRIBE
Pomologie d'une pomme à l'autre
La présidente m'a demandé d'animer ce débat sur la notion de variété locale.
Cette demande a été provoquée par un courrier de Bernard Baclet de la section Loraine qui a sollicité une insertion dans le journal. Et je suis un de ceux qui ont pensé qu'il ne fallait pas en l'état inséré ce type de document qui aurait nécessité un trop grand nombre d'observations et de mises au point.
Je vous livre ici une réflexion de plus de 25 années que nous partageons avec un certain nombre de Croqueurs.
Pour étayer mon propos, je prendrais les deux exemples de Bernard Baclet.
La pomme Rambour dans tous ses états,
Il dit, je cite:
"Une étude personnelle, m'a permis de relever plus d'une vingtaine de variétés, clones ou autres de fruits de la famille des Rambour, comme le groupe des belles fleurs, Croquet-réaux"
Eh bien, il faut être extrêmement prudent quand on affirme cela. Le mot famille n'a ici aucun sens, ce n'est pas parce que je ressemble à quelqu'un que je suis de sa famille, rambour, Belle fleur et autres ne sont pas de la même famille et aujourd'hui personne ne peut affirmer qu'ils sont même voisins, en effet rambour est diploïde alors que belle fleur, croquet et autre double Bob pommier sont triploïdes par exemple. L'INRA d'Angers qui semble t il a étudié ces variétés n'a pas établi à ma connaissance de filiation génétique.
Deuxième exemple, il dit je cite toujours:
"Je pense que la fiche croqueurs intitulé tête de chat, même si la description correspond à cette variété, la pomme représentée sur la photo représente vraisemblablement une pauline de Vigny et que l'erreur vient peut être du fait que tes pommes retrouvées par Bazin lui avait été présentées avec le nom Tête de chat un nom local en raison de la forme du fruit"
Nous voilà en plein coeur du problème.
J'ai tendance à penser que la pomologie telle que nous la pratiquons depuis plus de 30 ans n'est pas une branche de la biologie, mais une branche des sciences humaines, en effet c'est une majorité de paysans qui a donné les noms aux fruits que nous connaissons et ceci uniquement en, fonction, du plaisir qu'ils avaient de les consommer. Et il évident et ce n'est plus à discuter car démontrer de nombreuses fois et depuis longtemps que deux fruits différents peuvent porter le même. nom d'une région à une autre et que à contrario deux fruits se ressemblant peuvent porter des noms identiques d'une région à une autre et que tant que l'analyse par marqueurs moléculaires n'a pas tranché. il n'est pas possible de trancher et d'aller plus loin et donc d'affirmer que ce sont les mêmes fruits et que dans un esprit de simplification, outrancier il faille débaptiser l'un pour donner le nom de l'autre comme le suggère Bernard Baclet. Et ceci a la simple vision d'une photo et sans tenir aucun compte des autres caractéristiques de la variété comme port de l'arbre, date de floraison, maturation et conservation.
J'ai compris cette situation en 1988 à l'exposition de Montbéliard lorsque passant devant notre stand de Brie Gâtinais section toute nouvelle où nous avions fait une pyramide de belle Joséphine fruit emblématique de notre région et faisant encore aujourd'hui l'objet d'un commerce non négligeable, Choisel nous a affirmer de façon péremptoire. mais ce n'est pas Belle Joséphine. La belle Joséphine: l'officielle c'est celle là grosse pomme jaune par ailleurs tout juste bonne à donner aux cochons. Eh bien tout Choisel qu'il était et auréolé de sa gloire d'être le fondateur, il avait tord, même Marlaud venu à sa rescousse ne sont pas parvenus à nous faire entendre raison et je vous renvois à un article du journal que
j'ai commis a l'époque : On nous a volé Belle Joséphine. Celle que tout ce monde en Brie appelle Belle Joséphine et bien c'est Belle Joséphine parce que, jusqu'à nouvelle ordre, la pomologie est une science humaine et que les paysans briards l'on dénommé ainsi il y a certainement plus de deux siècles compte tenu de son nom et que Choisel et Marlaud réunis n'y peuvent rien sinon s'incliner.
Plus étrange encore à cette même expo, une vendeuse de pommes proposait à la vente ce que nous considérions être de Belles Joséphine, mais elles s'appelaient Marie Louise, identiques en tous points à nos belles Joséphine, il est impossible de les différencier si on les mélange, on ne peut pas les trier et choses étonnantes ces deux variétés portent les noms des deux femmes successives de l'empereur.
Je suis aujourd'hui intimement convaincu mais toutefois sans en être totalement certain que ces deux variétés sont deux clones plus colorés de double bon pommier dont elles possèdent tous les caractères y compris ceux de l'arbre. Autre fait qui me fait pencher pour cette réalité, c'est double bon pommier très fréquent tout autour de la Brie, moi je ne l'ai jamais rencontré dans ce pays.
Je vous donne ses deux exemples qui ont 1e mérite de grouper les deux aspects de l'homonymie et de la synonymie pour faire toucher la réalité des choses.
C'est dire pour les variétés locales il faut privilégier le travail de terrain avec les hommes du cru et quand Bernard Baclet affirme que Bazin a éventuellement fait une erreur en décrivant sa pomme sous le nom que lui ont donné les paysans locaux en raison de la forme du fruit, c'est lui Baclet qui se trompe. Il est bien évident que pour être totalement et complètement certain il faudrait savoir qui sont les paysans qui ont renseigné Bazin sont ils par exemple de vrais paysans, est ce vraiment comme ça qu'on l'appelle dans la région etc.... etc. Car se sont eux les paysans qui ont raison, ne jamais débaptisé une variété ce serait la couper de ses racines et donc en quelques sortes de son enracinement local et des paysans, les tronçonneuses fonts déjà très bien ce travail.
Il faut se dire aussi que si Leroy est la bible, ce n'est pas l'évangile et qu'il ne peut avoir raison contre toute une région, de même le verger français, rédigé par des fonctionnaires et qui sont tombés dans tous les clichés et les traquenards que tend la pomologie descriptive. Seul le travail de terrain compte et en particulier copier les descriptions dans la littérature est un travail inutile qui contribue à entretenir et à développé la confusion.
Tout ce que je viens de dire apporte de l'eau au moulin de ceux qui ont conçu cette magnifique collection des fruits de terroirs de France éditée par la toute nouvelle Union Pomologique de France et dont la raison d'être est vraiment la description originale et l'ancrage des variétés dans le terroir. C'est ainsi que notre Belle Joséphine est la belle Joséphine de Brie, et que peut être un jour l'analyse par marqueur moléculaire cette fois ci, la pomologie biologique nous dira ou ne nous dira pas: c'est un clone de double bon pommier.
Je n'ai plus que quelques mots â vous dire: quand vous faite une description, fermez les bouquins et décrivez les fruits tels que vous les voyez les sentez les goûtez les touchez.
Désolé pour les nombreuses fautes d'orthographe, de grammaire et le tacle sur JL Choisel, mais c'est du chioggia dans le texte.
Bernard Baclet avait raison : Il n'y a pas de paysan dans cette affaire là !
Le pommier "Tête de Chat", qui n'existe qu'en un seul exemplaire, a poussé en pleine ville de Mâcon, dans une bordure de rosiers, au 92 de la rue Rambuteau :
Ses fruits, au goût typique de "Golden", sont tendres et sucrés.
photographies du 9 octobre 2010
... et sans conservation
le 6 novembre 2010, il ne reste que 2 pommes
L'arbre ne semble pas greffé, dans ce cas ce serait un semis de hasard.
Un pomologue de renom, formule aussi l'hypothèse d'une Calville de Boskoop.